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L'interview toulonnaise

Emeline Lautier, directrice éditoriale de Diantre

Emeline Lautier de Diantre .fr répond aux questions de TOUT-TOULON
Emeline Lautier de Diantre .fr répond aux questions de TOUT-TOULON

Cette semaine, c’est Emeline Lautier, directrice éditoriale de Diantre .fr, qui répond aux questions de tout toulon .org pour l’interview toulonnaise. Emeline

Tout-Toulon .org : Tu es « toulonnaise ». C’est d’ailleurs là bas que tu as mis le doigt dans l’engrenage du net. Peux tu nous dire comment cela s’est passé ?
Emeline Lautier :
Oui, je suis née à La Seyne/mer et j’ai grandi entre Sanary, Six-Fours et Toulon. J’y ai habité jusqu’à mon départ à la fac de Montpellier. J’ai donc vécu 18 ans là-bas.

En ce qui concerne le net, c’est très bête 🙂 J’ai commencé à vivre avec un certain Vincent Lautier à 15 ans, et ce garçon démontait des PC, s’est jeté dans le web avant tout le monde. Comme j’étais fascinée par sa passion, j’ai voulu comprendre, et j’ai suivi le mouvement !

Tout-Toulon .org : A présent, tu es directrice éditoriale d’une maison d’édition : Diantre. Peux tu nous en dire plus sur Diantre ?
Emeline Lautier :
Pouh la la ! Quelle aventure ! Alors, j’ai travaillé environ 7-8 ans dans l’édition, comme éditrice essentiellement, en jeunesse et en BD. Et le temps passant, j’ai rassemblé un réseau d’auteurs, j’ai développé des idées, une certaine conception de l’édition de livres illustrés, et avec le soutien de mes anciens collègues, de mes amis, de tout plein de gens, je me suis lancée et j’ai monté ma boîte.

Alors Diantre, c’est comme un carrefour, un point de rencontre. L’idée de base, c’est le mélange, le décloisonnage, l’arrachage des étiquettes : faire travailler un auteur de littérature avec un plasticien, un auteur jeunesse avec une créatrice textile, un journaliste « musical » avec un pro du graff, designer de talent, proposer à des auteurs de BD adulte de faire des albums pour les enfants, etc.

Du coup, on obtient des formes narratives et graphiques innovantes et qui permettent d’attirer un public différent, qui n’est pas forcément fan de BD, qui est séduit par des objets originaux.

Cela nous a permis de gagner le Prix du Public parrainé par la Fnac et la Sncf au dernier Festival International de la BD d’Angoulême !

Maison de blogueurs, de femmes, de doux dingues, on nous colle encore et toujours des étiquettes, mais le grand intérêt pour le coup, c’est que cela ouvre le lectorat de la BD et du roman graphique !

Tout-Toulon .org : Et sur ton métier de directrice éditoriale ?
Emeline Lautier :
Grands Dieux ! Disons que je fais tout, de la recherche des auteurs à l’accompagnement en librairie ! Je sollicite des personnes qui ne sont pas forcément auteurs à la base, je retravaille leurs idées avec eux, je les aide à créer que ce soit d’un point de vue narratif ou formel, je leur propose des formats, des papiers, je fais la maquette, je m’occupe des relations avec l’imprimeur, avec les commerciaux, avec la diffusion/distribution, de l’organisation des festivals, de tout quoi !

Vincent Lindon, le fondateur des Editions de Minuit, disait de l’éditeur qu’il était un « passeur ». Je n’aime pas cette expression. Je me considère comme une sage femme, qui aide les créateurs à accoucher du plus beau bébé du monde !

Tout-Toulon .org : Pourquoi avoir choisi le nom Diantre ?
Emeline Lautier :
Je viens d’une famille de profs de français dont la passion ultime était le théâtre. De plus, mes parents étaient plus âgés que la moyenne. Et donc, Diantre, fichtre, bigre, sapristi, que nenni, etc. étaient des expressions un peu surannées que j’entendais souvent chez moi enfant. Du coup, j’ai intégré ces mots pour lesquels j’ai une sorte de tendresse.

Pour Diantre, c’est particulier : cette interjection marque l’étonnement, la surprise, et pas extension, pour moi, la découverte de nouveaux horizons… Cela collait donc à ce que nous voulions créer dans cette maison 🙂

Tout-Toulon .org : Peux-tu nous en dire un peu plus sur le fonctionnement de Diantre ?
Emeline Lautier :
On fonctionne essentiellement à 3 : Fanny Robert, mon assistante venue d’une formation métiers du livre, Vincent Lautier, mon associé, responsable web marketing et communication et moi. On prend toutes nos décisions en commun. Nous ne fonctionnons pas à la « hiérarchie ». Chacun amène ses idées, son univers, ses délires, et on secoue le tout, comme de l’Orangina, et ça donne un mélange détonnant ! Nous faisons appel de plus aux services de Virginie Blasin, une graphiste et artiste free-lance qui a été en stage chez nous pour les couvertures et les flyers, catalogues, etc.

Pour ce qui est de la diffusion/distribution en librairie, c’est le Comptoir des Indépendants qui s’en occupe. C’est un engagement de notre part. Nous sommes indépendants et tenons à le rester. Nous croyons à l’édition indépendante. Et ça marche. Pour nous, mais évidemment pour des maisons comme L’Association ( qui a publié Persépolis de Marjane Satrapi par exemple) et chez Diantre, nous avons tous été très influencés dans nos lectures par ces éditeurs.

http://gazette.lecomptoirdiff.com/

Tout-Toulon .org : Vous avez plusieurs Collections, peux tu nous en parler ?
Emeline Lautier :
On développe 3 collections : une de BD de poche pour les petits et grands enfants, Blop, une autre de romans graphiques qui s’adresse aux ados à partir de 15 ans mais aussi aux adultes, Bigre, et des Hors Série qui nous permettent de développer des projets en couleurs, plus traditionnels dans leur forme parfois.

Tout-Toulon .org : Parmi les livres que vous avez édité, tu as une préférence?
Emeline Lautier :
Ah ! La question qui tue. Evidemment que non 🙂 Disons qu’il y a des titres qui m’ont particulièrement marquée :

– La fille à 6 bras de Sammy Stein. Quand j’ai contacté Sammy, il ne faisait que des t-shirts, des affiches, etc. Et je lui ai demandé de faire un livre pour les gosses. Il était désemparé. Personne n’y croyait autour de moi. On a bossé, j’y ai cru, il a finit par y croire aussi. Et quand les premières planches sont arrivées, tout le monde était bluffé !!!

– Adorâbles Putains de Perrine Dorin. C’est le premier titre de Diantre. Nous avons travaillé dessus avec l’auteure qui est aussi l’une de mes associée, pendant des mois. On se retrouvait chez elle. On bouffait des kilos de gingembre confit en buvant de la Ricorée. Et on a créé quasiment ensemble le « plan » de ce livre. Symboliquement, c’était très fort.

– Mon gras et moi de Gally. Pour tout. Pour la confiance que Gally nous a offerte. Pour la qualité du travail fourni et la reconnaissance du public. Du comité de sélection d’Angoulême, certes, qui représente la « profession » mais aussi du public, et ça, franchement, ce n’est pas rien !

Je parle des premiers ouvrages là, mais je peux citer la Nostalgie de Dieu de Marc Dubuisson, La Head Company de Cäät, et tous les autres, et ceux à venir, et Capucine de Corinne Dreyfuss et de Camille Grosperrin dont l’auteure m’a « réservé » le texte pendant plus de 2 ans, sans même savoir si on pourrait l’éditer…

Non, j’aime tous nos livres. Je suis fière de tous les ouvrages que nous avons édités.

Tout-Toulon .org : Est ce que tu utilises beaucoup les réseaux sociaux (Twitter, facebook) pour promouvoir ton activité ?
Emeline Lautier :
Grave. Le blog de Diantre déjà : www.diantre.fr

Celui de Pingoo qui relaie toutes nos infos. Les blogs des auteurs. Facebook. Les mailings. Le buzz. On monte des vidéos, on les diffuse le plus largement possible, on tente de travailler sur tous les supports. Beaucoup de nos auteurs sont blogueurs mais travaillent aussi dans l’animation, dans le textile, etc. Et les réseaux sociaux, le web sont très importants pour ça.

J’oubliais les droits numériques que nous sommes en train de développer avec Ave ! Comics…

http://www.ave-comics.com/

Tout-Toulon .org : Un petit scoop sur les projets futurs de diantre.fr ?
Emeline Lautier :
Tu vois le blog Everland de Martin Vidberg ? Tu vois « Perdus sur une île déserte » ? La parodie délirante de Lost ? Bah, ça sort en novembre chez Diantre ! Youpi !

http://www.martinvidberg.com/blog/

Tout-Toulon .org : Tu as quitté Toulon et travailles à présent en région Parisienne. Est ce que le fait d’être à Paris est un plus pour Diantre ?
Emeline Lautier :
C’est essentiel. Sans cela, nous n’aurions jamais pu faire tout cela et nous ne pourrions pas continuer. Nos commerciaux sont à Paris, cela nous permet de les voir régulièrement. Beaucoup des librairies avec lesquelles nous organisons des expositions, des dédicaces, sont à Paris donc nous pouvons les visiter. Nous travaillons évidemment aussi avec la province, notamment avec l’excellente librairie Contrebandes à Toulon !

http://www.contrebandes.net/

Et puis Paris est une sorte d’aimant pour la culture. Toutes les formes de cultures s’y retrouvent, des plus populaires aux plus branchées. C’est un vivier permanent, comme le web 🙂

Tout-Toulon .org : Maintenant quelques questions plus perso sur ta vie toulonnaise. T’imagines tu retourner vivre à Toulon au cours de ta vie ?
Emeline Lautier :
Plutôt mourir. Sincèrement, on me paierai, je n’y retournerai pour rien au monde. J’ai détesté cette ville, je ne m’y sens toujours pas chez moi alors que j’y suis née et y ai grandi, je trouve son architecture terrible (mais évidemment, cela est en grande partie dû aux bombardements et à la reconstruction trop rapide qui a suivi), sa vie culturelle mortelle…

Et en ce qui concerne le réaménagement du centre ville, je sais qu’il a plu à de nombreuses personnes, mais du coup, je trouve que cela a fait perdre à cette ville ce qui faisait quasiment l’essence de son charme : le côté populaire, le mélange des couches sociales, etc. J’ai une maison là-bas, avec un immense jardin, une piscine, et tout, et tout, et j’y vais le moins souvent possible… C’est dire !

Tout-Toulon .org : Toulon ne te manque pas trop ? Tu y retournes souvent ?
Emeline Lautier :
Donc non. Toulon ne me manque pour rien au monde. Ce qui me « manque » en revanche, c’est le Sud. Non pas le soleil et le pastaga, mais la garrigue, la végétation, l’air iodé, les siestes sous le figuier de mon enfance, la cade mangée à même la barquette dans les petites rues pavées. Ça. Ça me manque souvent. Je peux le retrouver parfois en Italie, à Montpellier, mais ça n’a pas de comparaison possible avec l’endroit où l’on a grandi…

Je n’y retourne pas souvent comme je l’ai dit. Alors que ma famille est là-bas. Mais je ne suis pas très « famille ». Par contre, lorsque j’y retourne, j’ai une sorte de rite : je m’emmitoufle dans ma couverture, je sors dans le jardin et je m’assois sous un olivier pour écouter le mistral souffler dans les arbres 🙂

Tout-Toulon .org : Quand tu y retournes tu es plutôt tourné sur Hyères, le Mourillon ou Bandol ?
Emeline Lautier :
Sur les 3, plutôt Bandol. J’ai une maison au pied de Chateauvallon dans laquelle en fait, je vis quasiment en autarcie lorsque je reviens. Mais comme j’ai grandi dans des maisons entre Sanary/mer et Six-Fours les Plages, c’est plutôt vers Bandol que je me retrouve. C’est la ville qui est la plus proche des communes où j’ai passé mon enfance.

Tout-Toulon .org : Un avis sur le RCT ?
Emeline Lautier :
Bah, pas vraiment… Je me souviens juste des gens qui avaient l’air tellement contents quand le RCT gagnait ! C’était fun !

Tout-Toulon .org : Ta plage préférée ?
Emeline Lautier :
Portissol, à Sanary/mer. C’est la plage qui est située juste en bas d’une falaise sur laquelle ma maison était perchée. Lorsque l’on descendait, on passait par une immense pinède. D’un côté, il y a une sorte de crique avec du sable fin, de l’autre des rochers et une mer d’un vert émeraude comme je n’en ai jamais vu ailleurs. On est tranquilles et c’est reposant. Pas de mecs pour vendre des beignets, on se sent vraiment en communion avec la mer et le reste de la nature !

Tout-Toulon .org : Ton resto favori ?
Emeline Lautier :
Bah, à Portissol, toujours à Sanary ! Il s’appelle La Marée. C’est le seul et unique commerçant qui ai obtenu le droit de s’installer sur la plage. Il est en bout de jetée et on mange les pieds dans l’eau des plats de poissons à se damner.

Sinon, dans Toulon, je n’ai pas de spot particulier à donner à part un super petit « boui boui » qui faisait des kebab galettes sur le port. Je ne sais pas s’il existe encore, mais c’était les meilleurs kebabs du monde et pourtant j’ai passé pas mal de temps en Turquie !!!

Par contre, je conseille à tout le monde de se perdre dans les ruelles de Bandol et de trouver un petit resto provençal… Le rapport qualité prix est souvent exceptionnel et le cadre adorable.

Et puis la cade. La cade qu’on mange en déambulant dans les rues. Ce n’est pas du 4 étoiles, mais c’est tellement bon !

Tout-Toulon .org : Ton café préféré pour aller prendre le petit déj au soleil ?
Emeline Lautier :
Dans Toulon… Je dirais Place Puget. Parce que la fontaine et son petit glouglou sont bien agréables ! Après, peu importe l’endroit même. C’est surtout le cadre qui importe pour le coup.

Tout-Toulon .org : Un bon plan secret à Toulon que tu dévoilerais aux lecteurs de tout-toulon.org ?
Emeline Lautier :
A Toulon… Je peux dire aux élèves de Dumont D’Urville que vous pouvez, si vous êtes malins, vous faufiler dans le lycée en pleine nuit. C’est con hein, j’avoue. Mais c’est très amusant et vous allez découvrir plein d’endroits cachés dont vous n’aviez pas idée dont un super jardin !

Sinon, partout où il y a des rochers et pas trop de pollution, j’allais déposer des nasses avec mon frère pour pêcher des oursins. On les mangeait à même les rochers, avec un zeste de citron et du pain, devant le coucher de soleil. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs. Je conseille à tous ceux qui aiment ce met de le faire, parce que dans les restos, on paye ça une fortune !

Tout-Toulon .org : Merci Emeline pour le temps que tu as consacré à cette interview et longue vie à Diantre !
Emeline Lautier :
Merci à toi et de rien !!!

2 réponses sur « Emeline Lautier, directrice éditoriale de Diantre »

vraiment pas interessant du tout … au lieu d interroger des toulonnais qui ne le sont que de naissance .. ca serait plus interessant d interroger des personnes qui vivent réellement à toulon, là ca serait interessant ..

Pingoo , Diantre et aprés? encore une actualité de blog Parisien super ..

La ligne éditoriale de cette interview toulonnaise, c’est d’interroger des personnalités qui ont un lien avec Toulon. Et c’est le cas d’Emeline qui y est encore très attachée, mais qui a du, pour des raisons qui lui sont propres, quitter notre chère ville.
De nombreux Toulonnais sont obligés de s’exiler dans d’autres villes, ou d’autres pays, ce qui n’enlève en rien leur amour pour leur région.
Et puis, voici quelques autres interviews toulonnaises : http://www.tout-toulon.org/category/linterview-toulonnaise
On y découvre DJ Fafa qui mixe chaque week end à la Plage au Mourillon, ou encore Nicolas Basso chef d’entreprise à la Seyne et Mathilde Le Rouzic qui a monté sa startup dans le Var.

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